La problématique du chômage dans les territoires ultramarins : état des lieux et leviers potentiels
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Les territoires ultramarins (France d’outre-mer) sont beaucoup plus affectés par le chômage que la métropole. Quels sont ces territoires ? Quelle est l’origine de cet écart avec la métropole ? Quels sont les leviers pour faire reculer ce taux de chômage ?
Par Sandra Grès | Publié le 22/06/21 à 11h21
Quel signifie ultramarin ?
Le terme ultramarin désigne les territoires de la République française éloignés de la France métropolitaine. Ils comprennent les départements et régions d’outre-mer (DROM) : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion et Mayotte. S’y ajoutent les collectivités d’outre-mer (COM) : Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Wallis-et-Futuna, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie.
Les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et l’île de Clipperton complètent ces territoires.
Le calcul du taux de chômage en France par l’Insee n’inclut pas Mayotte, au taux de chômage particulièrement haut. Les Terres australes et antarctiques françaises ont un statut de territoires inhabités. Cette problématique ne concerne donc pas cette zone.
Quelle est la situation au niveau de l’emploi dans ces territoires ?
Le taux de chômage est près de trois fois plus élevé que celui observé en métropole. Il est maximal à Mayotte (36,6 %) et à la Réunion (29,5 %). Le taux de chômage moyen des DROM dépasse 25 %. Cela concerne particulièrement les jeunes : taux de chômage de 60 % pour les moins de 25 ans à La Réunion et en Martinique, proche de 50 % dans les autres départements d’outre-mer.
On observe également une surexposition des femmes au sous-emploi dans ces territoires.
Les raisons de cette problématique
La forte croissance démographique des DOM se révèle un des facteurs de la montée du chômage dans ces territoires. De plus, la faible qualification de la main d’œuvre la surexpose à un risque de chômage élevé. Comme ils sont moins nombreux qu’en France métropolitaine, les diplômes supérieurs confèrent un avantage plus fort dans ces territoires pour l’accès à l’emploi. C’est vrai également pour la nature du poste obtenu.
Les insuffisances du système éducatif local sont pointées du doigt. En effet, cela engendre d’intenses mouvements migratoires vers la métropole. Les natifs des DROM les plus diplômés et les plus actifs se retrouvent ainsi surreprésentés en métropole. Le retour des natifs ne compense pas ces migrations.
Le chômage élevé dans les territoires ultramarins s’explique également par une activité économique relativement faible. Les caractéristiques géographiques et physiques des départements d’outre-mer peuvent expliquer cet handicap. Aussi, les coûts de transports élevés pénalisent les exportations. Les coûts de production locaux se révèlent aussi plus élevés, car cela concerne des marchés de faible étendue. En conséquence, la production est peu diversifiée. La spécialisation dans un petit nombre de secteurs de l’agriculture et du tourisme entretient une dépendance vis-à-vis des importations.
D’autre part, le risque élevé de catastrophes naturelles (cyclone, tsunami, etc.) dans la plupart de ces régions limitent l’activité économique.
Leviers pour lutter contre le chômage ultramarin
Le fort taux de chômage et le niveau élevé du coût de la vie alimentent les tensions sociales dans ces territoires. Ces spécificités justifient les politiques publiques en faveur de l’emploi déployées dans les DROM. Ces territoires bénéficient de mesures fiscales et sociales particulières : taux réduits de TVA, réductions de l’impôt sur les sociétés, mesures de défiscalisation des revenus…
Pour compléter l’ensemble de ces mesures, il apparaît essentiel d’améliorer les dispositifs de formation et l’accessibilité physique des offres d’emploi pour les résidents. Les contraintes physiques et géographiques s’ajoutent souvent en effet à un déficit d’infrastructures et à une mauvaise organisation des réseaux de transport.