Qu’est-ce que l’agroécologie ? Comment se pratique-t-elle ?
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L’agroécologie emploie des méthodes agricoles répondant aux défis environnementaux, mais aussi aux besoins des consommateurs. Les enjeux sont en premier lieu de revenir à des méthodes plus respectueuses de la nature et de favoriser la biodiversité, pour une agriculture à la fois durable et compétitive. En quoi consiste l’agroécologie ? Quels sont les différents leviers ?
Par Sandra Grès | Publié le 31/03/21 à 18h14
Définition de l’agroécologie
L’agroécologie désigne un ensemble de théories et pratiques agricoles s’inspirant des connaissances de l’écologie, la science agronomique et le monde agricole. Les méthodes agricoles utilisées suivent une logique de gestion d’écosystèmes cultivés. L’agroécologie s’oppose ainsi à l’agriculture dite industrielle ou intensive, basée sur une logique d’exploitation des sols et d’autres ressources naturelles.
Pour respecter la nature et favoriser la biodiversité, des principes ont une importance majeure dans l’agroécologie : permettre le recyclage de la biomasse et des nutriments, maintenir des conditions de sol favorables à la croissance végétale, optimiser l’utilisation des ressources, augmenter la diversité des espèces et des variétés cultivées (dans l’espace et dans le temps), accroître les interactions positives entre les différents organismes présents dans l’agroécosystème.
Dans cette optique, les ressources externes utilisées par l’exploitant (pesticides, engrais, antibiotiques…) sont réduites. L’impact de ces intrants se révèle en effet désastreux sur la santé des agriculteurs et au niveau environnemental : pollution de l’air, des eaux et des sols…
Avec cette approche agricole, chaque exploitant adapte ses pratiques en fonction du territoire et de la nature de sa production. C’est une démarche qui se met en place lentement, mais plus durable, car les sols s’épuisent moins et les exploitations enrichies par la biodiversité sont mieux armées face aux aléas climatiques. Les pratiques associées à l’agroécologie coûtent moins chères aux agriculteurs. La production est moins importante, mais le respect de la nature et l’obtention de produits de meilleure qualité, et plus sains pour le consommateur, génèrent une valeur ajoutée qui se répercute sur le prix de vente. L’agriculteur gagne donc plus d’argent.
Les pratiques agroécologiques
Plusieurs leviers permettent d’assurer la production agricole tout en réduisant l’utilisation des intrants et en préservant les sols et l’eau : l’agroforesterie, le biocontrôle, la diversification des cultures (parcelles et paysages)…
Le biocontrôle permet de réguler les maladies phytosanitaires et la présence de ravageurs par l’utilisation d’organismes vivants ou de substances naturelles. Cette méthode prône la gestion des équilibres de populations d’agresseurs plutôt que leur éradication par des pesticides… Le biocontrôle fait appel à quatre grandes familles : les macroorganismes (oiseaux insectivores, insectes auxiliaires, acariens, nématodes), les substances naturelles (présentes dans le milieu), les microorganismes (virus, bactéries, champignons), les phéromones d’insectes et kairomones. Cette lutte biologique était anciennement pratiquée par acclimatation/introduction (introduction de l’ennemi naturel du ravageur). Puis la méthode par augmentation s’est développée. Elle consiste à des lâchers inondatifs ou des inoculations ponctuelles d’agent de lutte (quand la présence de l’ennemi est importante). La méthode par conservation des habitats est plus récente. Elle consiste à développer les habitats des auxiliaires naturellement présents dans le milieu.
Pour réduire l’érosion et le travail du sol, plusieurs pratiques sont observées : couverts végétaux, enherbement du rang, semis sous couverture végétale… Ces semis augmentent également la fertilité des sols.
Depuis 2018, l’ONU encourage l’agroécologie pour sauver la planète du réchauffement climatique et nourrir le monde. Elle préconise de délaisser l’agriculture intensive, qui a explosé au siècle dernier, au profit de systèmes alimentaires plus durables et respectueux de l’environnement.